DEUX MILITAIRES BRITANNIQUES
A CONVENANT-GELARD EN LANGOAT


Témoignage de Paul LE GAC fils de François LE GAC

Au mois de juin 1940, des militaires britanniques mirent en place ce qui fut appelé le réduit breton, ils stockèrent des matériels de toutes sortes : camions, bois, armes, munitions et matériaux divers... Dans la région au moins deux dépôts furent constitués, l'un au Christ en Trégrom un autre à Pen-ar-Pavé en Plounévez-Moëdec.
A l'annonce de l'arrivée des allemands le 20 juin 1940, les britanniques se replièrent sur Brest pour retourner en Angleterre. Plusieurs militaires n'eurent pas le temps ou la possibilité d'embarquer. C'est ainsi que deux d'entre eux se retrouvèrent à Convenant-Gélard en Langoat dans une ferme exploitée par la famille LE GAC.

Témoignage de Paul LE GAC, fils de François l'exploitant de la ferme.
A l'époque nous tenions mes parents, mon frère Emile et moi-même une ferme à Convenant-Gélard en Langoat.
Un matin, alors qu'il y avait plu toute la nuit, nous remarquions un mouvement inhabituel provenant du grenier à foin situé en face de la salle à manger, puis deux hommes en descendirent, frappèrent à notre porte, l'un des hommes écossais du nom de Donald CAMPBELL et l'autre anglais se nommant Harry POOL. Ils venaient d'Alençon dans l'Orne et essayaient de rejoindre la côte pour tenter de rejoindre en bateau l'Angleterre. La zone côtière étant zone interdite était très surveillée par les Allemands ce qui rendit leur projet impossible à réaliser.
Nous leur avons aménagé une maison abandonnée près d'une carrière avec le nécessaire pour dormir et les mettre en sécurité.
Les deux britanniques travaillaient dans les fermes des environs et maîtrisaient parfaitement le français.
La présence de ces deux étrangers était connue de tous dans les environs.
Le 5 mars 1942, vers 9 heures du matin, un véhicule automobile arrive à la ferme, deux Allemands descendent de la voiture, un homme en civil et un autre en militaire tenant sa mitraillette prête à servir. Ils venaient donner l'ordre à mon père de les suivre.
Un quart d'heure c'est le temps qu'il fallu à mon père pour préparer quelques affaires, puis il fut emmené à la maison d'arrêt de Saint-Brieuc.
Les deux jours suivants les Allemands revinrent à la ferme pour nous interroger afin de savoir s'il existait d'autres britanniques cachés dans le secteur.
Nous aurons mon frère et moi qu'une seule occasion de revoir notre père, ce sera à la maison d'arrêt de Fresnes durant une dizaine de minutes.
Après la Libération des camps de concentration nous espérions son retour, d'autant que des prisonniers revenaient d'Allemagne, hélas mon père ne reviendra jamais, ma mère ne se remettra jamais et le chagrin l'emportera assez rapidement. 
Nous ne saurons jamais ce qu'est devenu notre père, ni les circonstances, ni l'endroit, ni la date de son décès.
François LE GAC fut jugé à l'hotel Intercontinantal de Paris, condammné à la prison et envoyé effectuer sa peine en Allemagne.


des aviateurs alliés le 29 septembre 1941 à Saint-Efflam en Plestin-les-Grèves

voir deux photos prises à Convenant-Gélard en Langoat